Traditionnelle mais si contemporaine… La pierre naturelle trouve en Wallonie une géologie d’exception. Des sédiments alternativement baignés ou submergés par les eaux chaudes des mers de l’ère primaire, sont nés calcaires et marbres ainsi que des roches siliceuses extrêmement diverses, grès et grès schisteux, schistes, arkose ou quartzite. Aujourd’hui, la pierre n’a pas changé : son utilisation par les hommes participe au développement durable sans le savoir depuis des siècles.
Si la pierre n’a pas variée, la maison actuelle a, par contre, bien évolué. Devenue plus économe en énergie, parfois “passive”, elle continue à mettre en œuvre la pierre : murs, encadrements de baies, sols, escaliers, et même parfois toitures ont recours à ses services. Résistante à l’usure et défiant le temps, d’une inertie thermique qui rime avec économie, la pierre joue de son infinie palette de textures et de nuances pour amadouer les plus exigeants bâtisseurs.
LE MUR
Le mur en simple maçonnerie de moellons taillés a fait place aujourd’hui à des structures plus complexes. Néanmoins le mur de pierre traditionnel n’a pas disparu, ni en milieu rural où il s’intègre avec justesse aux paysages qui l’enserrent, ni en ville où il inspire la stabilité, suggère l’énergie et reste pour le moins intemporel.
Les techniques actuelles de construction privilégient notamment la maçonnerie béton ou l’ossature bois. La pierre peut revêtir ces structures et joue alors principalement un rôle esthétique en plus d’être protectrice vis-à-vis de la pluie fouettante. Les techniques diffèrent avec l’emploi de pierres minces fixées sur un support continu — béton ou coffrage perdu sur les liteaux de bois — ou un mur de doublage peu épais en maçonnerie pour supporter son propre poids.
Les pierres naturelles — et plus spécialement les pierres calcaires — sont des matériaux qui peuvent se permettre beaucoup d’audace : être taillés à la forme voulue, découpés, gravés, sculptés… voire peints pour unifier des murs anciens peu homogènes.
LA BAIE
L’architecture traditionnelle régionale de Wallonie a été marquée par le style Renaissance mosane, qui s’inspire des colombages médiévaux et incorpore la pierre calcaire comme composante principale des façades avec la brique. Des éléments de modénature comme des alternances de lignes en brique et pierre mais surtout les encadrements de fenêtres en pierre ont fortement influencé la conception des façades pendant les siècles suivants. Aujourd’hui, cet encadrement très formel a fait place à de nombreuses déclinaisons où la pierre demeure très présente.
S’il se retrouve encore sur des façades de granges, l’arc est une forme architecturale quasi oubliée tant il dénote avec les lignes épurées et formelles de l’architecture actuelle. On peut pourtant le redécouvrir avec bonheur.
Quand l’encadrement a complètement disparu, l’ouverture semble avoir été percée dans le mur de pierre lui-même. C’est notamment le cas dans les structures avec parements de maçonnerie. Mais la percée peut être encore plus radicale.
LE SOL
C’est au sol que la pierre peut se prêter à une infinité de compositions, jeux de couleurs, et de formes. Les grandes dalles remportent souvent la partie : elles deviennent douces aux pieds, notamment avec les chauffages au sol qui font oublier les frimas de l’hiver, et sources d’une fraîcheur si agréable en été.
Qualifié d’«incertum» s’il est irrégulier, ou de «romain» s’il est réalisé à base de dalles orthogonales, l’opus peut revêtir une infinité de modèles. Au sol, la recherche du calepinage idéal fait intervenir différents éléments : la pierre choisie – qui peut se tailler ou non -, la facilité de pose de l’opus dont dépend le prix final du revêtement, l’esthétique recherchée de la pièce ou du bâtiment… A l’intérieur, la priorité va au confort allié à une certaine recherche esthétique.
L’ESCALIER
L’accès à une maison se fait souvent par l’intermédiaire de quelques marches : une manière d’assurer la transition entre le niveau de l’habitation et celui de la rue mais aussi de se protéger ou de créer un niveau intermédiaire. Ces quelques marches ont un rôle très particulier, celui de mettre en contact l’intérieur et l’extérieur.
LE TOIT
Les toits en ardoises ou en lauzes appartiennent aujourd’hui au vocabulaire de nos patrimoines architecturaux. En Ardenne, le toit de pierre de schiste ou d’ardoise était omniprésent. Dans les structures nées de l’utilisation du béton en piliers et dalles, le toit a disparu. Mais il subsiste des architectes pour faire évoluer cet élément a priori incontournable d’une habitation.